Selon l’association Entreprises Familiales et Centenaires (EFC), près de 50 entreprises ont fêté leur centenaire en 2011 dont certaines sont mondialement connues : IBM et Chevrolet aux USA, Nivea et Beiersdorf en Allemagne, Ebel et Victorinox en Suisse, Canon et Nissan au Japon et Le Plaza Athénée, La librairie Gallimard, Persavon, Lustucru et l’afficheur Giraudy en France.
Dans le même temps, si on se penche sur les archives des classements mondiaux nous constatons un taux de disparition élevé. Pour exemples près du tiers des entreprises mondiales présentes dans le Fortune Global 500 de 1970 ont disparu.
Qu’est-ce qui différencie le succès de l’échec, la résilience de la chute ? La plupart des études réalisées sur le sujet mettent l’accent sur les valeurs, l’aptitude à prendre en compte, les nouvelles tendances, les idées nouvelles, les réserves financières et la parfaite connaissance du marché ou du contexte socio-culturel dans lequel l’entreprise évolue.
L’entreprise résiliente c’est aussi celle qui sait concilier 2 impératifs contradictoires :
> La gestion de la performance et de la croissance, ce qui exige de la cohérence, l’efficacité, l’élimination des activités non-rentables et la maximisation des résultats à court terme.
> L’adaptation à son environnement, ce qui nécessite de la prévoyance, l’innovation, l’expérimentation et l’improvisation, avec un œil sur les avantages à long terme.
La plupart des organisations accordent une grande attention à l’impératif premier, mais peu au second.
Les start-ups excellent souvent dans l’improvisation et l’innovation, mais sont perfectibles sur le rendement constant et l’efficacité. D’ailleurs la moitié d’entre elles échouent au cours de leurs cinq premières années.
Les perturbations auxquelles les entreprises sont confrontées peuvent venir de tout horizon : de l’intérieur, de la concurrence, de l’infrastructure, de la rupture de la chaîne d’approvisionnement ou des catastrophes humaines ou naturelles.
La crise financière focalise certes l’attention actuelle, mais c’est juste une des nombreuses perturbations auxquelles doivent faire face quotidiennement les entreprises.
A la synthèse des différentes études réalisées sur la résilience organisationnelle et des constats dans nos activités, nous avons qualifié 6 aptitudes des entreprises les plus résilientes :
1. Les entreprises les plus résilientes participent activement à leur environnement
Suivre des indicateurs internes et externes du changement est un moyen d’identifier les perturbations à l’avance.
Les entreprises résilientes essayent de capter en permanence les informations potentiellement inquiétantes et tentent de les appréhender au travers d’hypothèses. Elles œuvrent en permanence pour détecter l’inattendu afin qu’elles puissent y répondre assez rapidement pour exploiter l’opportunité que cela représente ou au contraire prévenir des dégâts irréversibles.
En bref, elles anticipent.
« Les deux questions qui reviennent dans presque tous les discours et conversations de couloirs », rapporte Arianna Huffington lors d’un Forum économique mondial concernent « Ce qui s’est passé ? » et « Comment avons-nous pu passer à côté ? ».
Elle constate également que les réponses consensuelles sur cette dernière question tournent autour de « 1) Trop grande confiance dans le marché 2) Trop grande confiance dans les modèles économiques et 3) Trop peu de transparence ».
2. Elles se préparent et préparent leurs collaborateurs aux perturbations
Elles savent mobiliser les ressources internes pour qualifier les opportunités comme résoudre les problèmes auxquels elles sont confrontées. Elles favorisent le développement de plusieurs compétences pour leurs collaborateurs et l’adaptation à plusieurs fonctions.
3. Les entreprises les plus résilientes intègrent une certaine souplesse
Même si elles ont intégré l’optimisation des performances, réalisé des coupes nettes dans les budgets, elles n’ont pas pour autant supprimé certains « amortisseurs » contre les perturbations.
On pourrait penser que cela passe par le développement de systèmes redondants – capacité de sauvegarde, stocks plus importants, niveaux de dotation plus élevés, réserves financières,… – mais ceux-ci sont coûteux et pas toujours efficaces.
La flexibilité constitue au contraire une meilleure approche.
S’appuyer sur ses fournisseurs, ses prestataires et leurs réseaux pour trouver des réponses aux perturbations temporaires répond à cette stratégie de flexibilité. Il en va de même des politiques internes qui encouragent la flexibilité sur le temps de travail et le lieu où ce travail est effectué. Les études récentes sur les nouveaux modes de travail (Télétravail, espaces de travail virtuel,…) contribuent à une résilience accrue des collaborateurs, de la productivité et de la mobilisation et réduit le niveau de stress.
4. Elles sont capables de renforcer et d’étendre leurs réseaux de communication – interne et externe
Un dispositif de communication solide et redondant est utile pour faire face à une crise.
En interne, elles favorisent le développement de réseaux sociaux, riches, variés et visibles pour créer un environnement de confiance et de soutien, qui permet aux collaborateurs d’être davantage en mesure de faire face au stress et au changement.
Dans le cadre de leurs relations extérieures, elles veillent à entretenir de bonnes connexions avec leurs clients et leurs fournisseurs.
Un des facteurs clés de succès consiste à reconnaître ce qui est important pour atteindre les objectifs organisationnels et à écouter ceux qui ont l’expertise nécessaire et les idées où qu’ils se trouvent (Collaborateurs, clients, fournisseurs, universitaires, chercheurs, consultants,…).
5. Les entreprises les plus résilientes encouragent l’innovation et l’expérimentation
En ces temps de grande incertitude et d’imprévisibilité, le succès et l’échec des expériences à petite échelle peuvent aider à tracer le chemin vers l’avenir.
Les entreprises les plus résilientes procèdent en continu à des études de marché, au développement de produits et à l’amélioration de leurs services. Elles investissent dans des petites expériences et des essais de produits dont les coûts sont faibles en cas d’échec.
Vous avez peut être vu sur internet ou à la télévision la publicité d’UPS avec une chanson entrainante sur la « logistique ». Je vous invite à prêter un peu plus d’attention aux images. En effet, vous constaterez qu’UPS incite ses collaborateurs à faire tout ce qu’il faut pour livrer un colis à l’heure.
Dans cet esprit, il encourage l’improvisation pour résoudre toutes les petites choses qui peuvent mal tourner dans une journée.
Dans le même temps, ils ont des règles et des règlements clairs, comme par exemple, mettre les clés dans le même lieu, fermer les portes de camions de la même manière,…
Ces routines combinées à l’improvisation créative permettent le plus souvent à UPS de livrer peu importe la situation ; y compris le lendemain de l’ouragan Andrew, un des plus destructeurs qui ait frappé les États-Unis, où certaines personnes ont dû vivre temporairement pendant quelques jours dans leurs voitures.
Les entreprises les plus résilientes favorisent une culture de l’innovation continue et de l’ingéniosité afin de résoudre les problèmes et de s’adapter aux défis.
L’avantage est que les collaborateurs qui ont le sentiment de pouvoir influer au sein de leur entreprise sur les évènements de leur vie ont plus de chance de se sentir impliqués et motivés et d’agir de manière positive.
6. Elles entretiennent une culture avec des objectifs partagés et des valeurs
L’adhésion à des objectifs partagés par ses collaborateurs, ses fournisseurs et ses clients, constituent un formidable atout en cas de crise.
Face à la crise, certaines entreprises au lieu d’opter pour des licenciements ou l’annulation des avantages sociaux, s’évertuent à préserver les relations avec leurs collaborateurs et leur fidélité.
Le développement de ces aptitudes permettra à vos successeurs ou vos héritiers d’entrer un jour dans le cercle très fermé des entreprises centenaires ou bicentenaires.
N’hésitez pas à réagir en adressant vos messages à : gestion-crise@emoveo.fr.